MAD OF ANGEL AND BUFFY
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MAD OF ANGEL AND BUFFY


 
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 Une Maille Dans Le Temps (Livre Deux)

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MessageSujet: Re: Une Maille Dans Le Temps (Livre Deux)   Une Maille Dans Le Temps (Livre Deux) - Page 2 EmptyDim 14 Mai - 20:38

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La charrette tressauta comme ils retournaient vers la grotte avec la machine à voyager dans le temps, dirigée par les mains de plus en plus sures de Fred. A côté d’elle, Mère Yanna était assise, un châle enroulé autour d’elle, le visage sévère regardant résolument devant. Gunn était étendu dans le foin, exerçant sa capacité étrange de faire la sieste n’importe où, n’importe quand; Angel se rappela de son explication qu’une fois qu’on avait appris à s’endormir dans un hall de détention juvénile, on pouvait s’endormir n’importe où. Pour sa part, Angel était assis à côté de Gunn, respirant délibérément l’odeur perdue d’un autre siècle -- pin et paille et chevaux et cuir – et observant silencieusement Cordélia et Angélus.

Angel se demanda ce qu’il devrait dire à son ancien lui et ne trouva rien. La présence de l’autre était profondément inquiétante à des niveaux surnaturels et psychologiques; plus que ça, par certains côtés il ressemblait plus à un étranger que n’importe qui d’autre qu’Angel avait jamais rencontrés. Il se souvenait comment c’était d’être cet homme, ce qu’il avait éprouvé, ce qu’il avait pensé. Tout ça était conservé en lui, séché et pressé, fragile et fané mais éternel. Mais Angel n’arrivait pas à trouver comment parler à cet homme – le meilleur qu’il avait à dire serait, il le savait, noyé par la douleur. Ce serait comme énoncer clairement pour un homme sourd.

Cordélia n’avait pas de telles appréhensions.

"Tu es un bon détective!" disait-elle à Angélus. "Enfin, un détective bien avec un très bon personnel. Et tu aides beaucoup de gens qui ont vraiment besoin d’aide, et nous faisons seulement payer ceux qui peuvent confortablement se l’offrir."

Sa voix pétillait encore et encore comme elle rassemblait l’évidence pour quelque chose qu’Angélus apprendrait à accepter dans des décennies. Pour sa part, Angélus se blottit près d’elle, écoutant avec incrédulité.

"Tu m’as sauvé la vie – combien de fois, Angel? – il ne sait pas. On ne compte pas. Tu es mon meilleur ami. Le meilleur ami que j’ai jamais eu. Que j’aurai jamais, probablement."

Angel sourit et parla pour la première fois depuis un long moment: "Merci."

Elle lui jeta un coup d’œil, soudainement embarrassée; apparemment c’était plus simple de dire certaines des choses qu’elle disait à un Angel qui ne répondrait pas. Mais elle sourit comme elle recroquevillait ses genoux à sa poitrine. "Presque fini."

"Ouais," dit Angel. "Avec espoir. Tu te sens bien?"

"Juste fatiguée," dit Cordélia. "J’ai hâte de retourner à mon appartement et de faire un petit somme. En supposant, biensûr, que le futur où nous rentrons contienne mon appartement."

"On y pensera quand on y sera," dit Angel. "Ne t’inquiète pas pour ça maintenant."

"Plus facile à dire qu’à faire," dit-elle. Puis elle frappa Angélus sur le bras. "Tu vois? C’est justement ce genre de répartie relaxée et amicale que tu dois attendre avec impatience. Plus l’invention des pantalons en cuir."

Angélus parla finalement. "Nous avons eu des pantalons de cuir depuis des siècles."

"Des millénaires," ajouta Angel. "Depuis aussi longtemps qu’il y a eu des vaches."

Cordélia grimaça. "Bien SÛR c’est de ça que vous pouvez parler ensemble."

"Nous y sommes," dit Fred, se tournant à moitié comme elle ralentissait la charrette.

Angel regarda autour de lui dans l’obscurité; il s’était attendu à ce que les bohémiens restent derrière, attendant le retour de Mère Yanna, mais aucun d’eux n’étaient restés. Mère Yanna, imperturbable, descendit prudemment de la charrette. Angel suivit directement. Angélus hésita pendant un moment, visiblement incertain, et Cordélia l’enlaça rapidement. "Tu vas aller bien," dit-elle. "Pas tout de suite. Mais un jour. Et j’attendrai."

Angel se sentit absurdement jaloux pendant un instant. Puis il réalisa: Elle prend encore soin de moi. Il lui sourit comme elle, Fred et un Gunn somnolant se dirigèrent dans la grotte, vers le portail de la machine à voyager dans le temps.

Alors que Mère Yanna descendit vers une autre section de la grotte, Angel et Angélus marchèrent côte à côté derrière elle. Angélus n’arrêta pas de regarder en arrière vers là où Cordélia avait disparu, puis vers Angel. Finalement il chuchota, "Ce qu’elle a dit – est-ce que quoi que ce soit de ce qu’elle a dit est vrai?"

"Tout est vrai," dit Angel.

"Alors -- alors ça doit s’améliorer." Angélus regarda Angel, de la supplication sur le visage. "Dis-moi que ça s’améliore."

Pendant une seconde, le mépris qu’Angel avait ressenti pour son ancien lui revint, plus fort que jamais. Il avait causé tant de souffrance, commis tant de mal – et cependant il voyait encore sa punition juste dans les termes de sa propre douleur. Ca pendrait presque un siècle, Angel le savait, avant qu’il n’apprenne à voir au-delà de son apitoiement sur lui-même et son amertume et son désespoir, avant qu’il ne commence à se racheter
Angel resta silencieux. A côté de lui, l’espoir se fana des yeux d’Angélus, et il tomba, son corps recroquevillé en ce qui ressemblait à de la douleur physique.

Non, se souvint soudainement Angel – c’était de la douleur physique. Dans les heures et jours qui avaient directement suivis la malédiction il s’était griffé et battu et lacéré lui-même, conduit par le désespoir d’essayer de noyer l’angoisse mentale et émotionnelle par la douleur physique. Tout ce qu’il avait réussi à faire était de casser quelques côtes, éclatant tant les os que même avec des pouvoirs régénérateurs de vampires ils avaient mis des jours à guérir. Entre-temps, ses muscles tendus et épuisés s’étaient serrés presque constamment, le poignardant quelque part profondément à l’intérieur de lui avec des tessons d’os, des couteaux invisibles enterrés dans sa poitrine.

Le souvenir de cette douleur fut soudainement plus réel, plus vif pour Angel qu’il ne l’avait été depuis des années. Regardant Angélus trébucher à côté de lui, il se rappela comme son corps avait semblé lourd, comme imbibé d’eau, détrempé par la culpabilité. Il se rappela de la douleur sur son côté, les croissants ensanglantés que ses ongles avaient faits dans ses paumes. Plus que tout, il se rappela comment ça avait été d’être sûr que l’éternité n’apporterait que de la douleur.

Dans quelques minutes, la mémoire d’Angélus serait nettoyée des deux derniers jours, de tous les événements depuis que Darla avait découvert qu’il avait été maudit. Rien de ce qu’Angel ne disait ou ne faisait n’existerait pour Angélus après ça.

Mais même ce moment avait de l’importance.

Angel dit doucement, "Ce deviendra mieux que ça, un jour. Pas pendant longtemps. Mais un jour tu auras une vie qui en vaut la peine."

Angélus le fixa avec des yeux écarquillés et déroutés. "Comment?" murmura-t-il.

"Tu – tu vas trouver des gens qui croient en toi," dit Angel. "Des gens disposés à te donner une chance. Et tu vas essayer de les mériter. Tu n’y arriveras pas toujours, mais tu apprendras à continuer d’essayer. Quand ça arrivera, tout ce par quoi tu passes maintenant, tout ce par quoi tu passeras plus tard – tu sauras que ça en valait la peine."

Angélus considéra ça pendant un moment; bien que l’angoisse ne quitta pas ses yeux, sa posture se redressa presque imperceptiblement. Sa voix fut plus ferme quand il reparla. "Ca aiderait, si tout ça signifiait quelque chose."

"Ca sera le cas," dit Angel. "Ca signifie toujours quelque chose. Ca en vaudra toujours la peine." Angélus acquiesça, se permettant pour un instant d’y croire.

Quand ils atteignirent la grotte, Angélus s’assit sur le sol comme Mère Yanna l’instruisait, l’écoutant calmement comme elle psalmodiait le sort qui lui ôterait ses souvenirs. Il resta focalisé sur le visage d’Angel jusqu’au moment où Mère Yanna eu fini, quand il s’effondra, inconscient, sur le sol.

Mère Yanna soupira et commença à s’éloigner. "C’est fait. Il s’éveillera bientôt, et nous devrons être partis de cet endroit."

"Nous serons partis par la machine à voyager dans le temps dans quelques minutes," dit Angel. "Et nous ne reviendrons pas. Nous avons fait tout ce que nous avons pu pour restaurer cette ligne du temps. Je ne sais pas ce que nous trouverons quand nous rentrerons, mais nous devrons accepter ce que c’est."

"Fais dont ça," dit Mère Yanna. "Tu souffres car ton fils est mort, vampire. Et je suis contente que ton fils soit mort, de sorte que tu puisses souffrir. Mais ça n’est pas assez pour moi." Ses yeux vitreux se plissèrent. "Tu ne peux souffrir assez pour moi."

Les mots firent écho dans l’esprit d’Angel – contente que ton fils soit mort, CONTENTE – et pour une fois les instincts du démon et du père furent en parfait accord. Il sentit de la rage chaude inonder son esprit, et sa main se serra en un poing. Pendant un moment ce fut comme s’il l’avait déjà fait, comme s’il avait entendu ses vieux os fragiles se briser sous son coup. Seule la profondeur pure de sa fureur le retint de frapper; ça le paralysa pendant quelques secondes – mais pas, il le savait, pour longtemps.

Mère Yanna, peut-être oublieuse de sa rage, commença à clopiner vers l’orifice de la grotte. "Ne crois pas que tu trouveras les autres," dit-elle. "Ils sont partis dans un endroit que tu ne connais pas. Nous ne nous rencontrerons plus."

Elle était si sure, et avait tellement tord. Avec un soubressaut, Angel se rappela que dans l’histoire pour laquelle ils s’étaient démenés à restaurer, les bohémiens seraient trouvés. Même sans la suggestion de Drusilla, Darla aurait éventuellement l’idée d’attaquer les bohémiens et de rançonner son âme. Spike n’aurait pas été proprement averti. Et donc il les tuerait encore, et ils – même Mère Yanna – mourraient tous.

Elle lui souriait cruellement. "Tu n’aimes pas ce que je dis?"

Angel se força à se relaxer. "Je ne prends pas plaisir à penser que des personnes innocentes doivent mourir," dit-il. "Mais vous oui. Et non, je n’aime pas ça."

"Si noble," chantonna Mère Yanna. Puis son visage fut plus sérieux. "Je sais comme elle est misérable, cette haine à l’intérieur de moi. Je la connais comme la mauvaise chose qu’elle est. Mais alors que pensons-nous de celui qui a mis cette haine là? Hummm?"

Angel pensa, toute la malfaisance qui s’écoule de Mère Yanna s’écoule de ce que je lui ai fait. Cycle après cycle.

"Le mal ne meurt jamais," dit Mère Yanna. Puis elle se tourna et parti en clopinant, laissant Angel seul dans la grotte.

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Cordélia leva les yeux vers l’orifice de la machine à voyager dans le temps. "Ca m’a l’air moins rouge. Genre, bien moins rouge. Se changeant en orange. Longeant un genre de mandarine."

La mare de lumière en haut était plus trouble et lente aussi; elle avait peu de l’énergie inquiétante qu’elle avait possédée auparavant. A côté de Cordélia, Fred mâchouillait ses ongles. "La porte doit toujours être ouverte, cependant, n’est-ce pas? Ou alors le phénomène serait complètement absent, au lieu de continuer à se manifester."

"C’est pas fermé," dit Gunn de sa position tout près, avec une confiance que Cordélia était sure qu’il ne ressentait pas vraiment. "C’est juste – en train de se fermer."

"C’est si rassurant," dit Cordélia, puis elle cria, "ANGEL!"

"Je suis là," dit Angel. Le moment après qu’elle l’eut entendu, elle le vit, marchant vers eux dans les ténèbres. Son visage était ombragé, d’une façon ou d’une autre – plus sombre et renfermé qu’elle ne l’avait vu durant les quelques derniers jours.

Cordélia ignora la douleur dans son épaule comme elle vint près de lui et prit sa main dans la sienne. "Hey," dit-elle. "Ca va?"

"Je vais bien," dit-il catégoriquement. "C’est fait."

Alors Connor vivrait à nouveau. Ils récupéreraient l’Hypérion. Que de bonnes choses. Alors pourquoi est-ce qu’Angel était de retour en mode désespoir? Cordélia choisit soigneusement ses mots. "Je pensais que ça te rendrait heureux."

"C’est le cas. C’est juste --" Angel tourna la tête loin d’elle, cherchant clairement ses mots. Bien que l’impatience de Gunn et Fred était visible -- et celle de Cordélia n’était pas bien loin – ils restèrent silencieux, regardant l’éclat orange au-dessus de leur tête. Quand Angel parla à nouveau, il dit, "J’ai dit à Angélus que tout ça en vaudrait la peine. Et puis je me suis souvenu du nombre de maux que j’ai fait ici, à quel point les répercussions vont loin dans le futur. Le mal ne meurt jamais. Tout ça me dépasse tellement, Cordy. Je ne sais pas si j’ai le droit de dire que ça en vaudra la peine un jour."

Cordélia lui caressa la joue de la main. "Peut-être que le mal que tu fais ne meurt jamais," dit-elle. "Mais le bien que tu fais ne meurt pas non plus, pas vrai? Les répercussions des bonnes choses que tu fais continuent aussi." Elle souleva un sourcil vers lui. "L’effet d’ondulation marche dans les deux sens, tu sais."

Angel lui sourit, et les ténèbres tombèrent à nouveau de lui. Il parla – pas à elle, mais à Fred et Gunn. "Traversons cette chose."

Gunn frappa des mains. "Très bien. Le dernier dehors est un œuf pourri. Ou un autre truc moins dégoûtant."

Ils se rassemblèrent autour de Fred, qui sorti une des bagues de sa poche. Immédiatement, le portail au-dessus d’eux commença à faire des étincelles et à miroiter à nouveau, ce qui, supposa Cordélia, était une très bonne nouvelle.

Fred ne leva pas la bague. Ils se tinrent en silence.

Cordélia parla en premier. "Et si on n’a pas réussi? Et si on se retrouve encore à Rome, avec le monde en feu?"

Angel dit, "Ca n’arrivera pas. Je pense que nous avons empêché que cette réalité ne se produise." Cordélia espéra qu’il était aussi confiant sur ce sujet qu’il en avait l’air.

"Je suis d’accord avec ça," dit Gunn. "La question est – avons-nous recommencé notre réalité, où allons-nous trouver un futur flippant qui nous attend?"

"Il doit être mieux que celui avec le monde en feu," raisonna Cordélia. Tout le monde sembla être d’accord. Mais Fred ne leva toujours pas la bague, et personne ne la pressa.

A la fin, Angel dit, "Quoi qu’il arrive – nous ne pouvons pas revenir ici."

"Le dégât est fait," dit Fred. "Nous avons affecté cette ligne du temps. Ca, nous le savons. Nous ne découvrirons pas à quel point tant que nous ne serons pas revenus. Donc – je suppose que nous devrions rentrer et avancer à partir de là."

"Compris," dit Cordélia.

"D’accord," dit Gunn.

"Ok," dit Angel.

Ils firent une pause pendant un autre moment, et Cordélia tendit le bras et saisit la main d’Angel et de Gunn dans les siennes. Les deux serrèrent sa main en retour, et Gunn balança son bras libre autour de Fred. "Voyons quel genre de monde on a fait," dit Gunn.

Fred prit une profonde respiration, se redressa et leva la bague au-dessus de sa tête. Et puis Cordélia tombait vers le haut, la gravité inversée, ses amis autour d’elle comme le monde partait en tournoyant.
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MessageSujet: Re: Une Maille Dans Le Temps (Livre Deux)   Une Maille Dans Le Temps (Livre Deux) - Page 2 EmptyDim 14 Mai - 20:38

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Darla tournoyait, s’accrochant à un radeau qui tanguait et rebondissait vertigineusement sur une mer tempétueuse. Son esprit était une vision, pas la sienne – peinte par Géricault, exprimée par des cris. Des fantômes s’élevèrent de l’écume autour d’elle, des visages qu’elle reconnaissait mais ne pouvait pas nommer disaient des morceaux de phrases qui semblaient être importantes mais, d’une façon ou d’une autre, sortaient immédiatement de son esprit. Juste une apparition fut plus mémorable que les autres -- Angélus s’éleva des eaux turbulentes, portant un regard de tristesse différente de tout ce que Darla avait vu sur son visage auparavant. "Je suis désolé," disait-il. "Je suis si désolé." Il commença à retomber dans les ténèbres, et Darla tendit une main pour le rattraper --

-- Et s’écria de douleur.

Darla retira vite sa main et ouvrit les yeux. Le regard haineux du soleil la bombarda immédiatement et l’affreuse odeur de sa propre peau roussie lui empli les narines. Maintenant complètement réveillée, elle s’assit, berçant sa main brûlée contre sa poitrine.

Elle était assise sous un affleurement rocailleux, son ombre la protégeant du soleil. Elle commença à reculer, aussi loin que possible dans l’ombre, et s’arrêta quand elle se cogna à un autre corps. C’était Spike, recroquevillé sur le côté, un bras jeté de façon protectrice autour d’une Drusilla également inconsciente.

Angélus, pensa Darla. Où était Angélus?

Son nom provoquant un flot de souvenirs désagréables – la bohémienne, la vengeance du clan, la malédiction. Angélus, son glorieux amour, sa création, transformer en un misérable pleurnicheur et larmoyant , une caricature de lui-même. Elle l’avait jeté de la maison. Et après ça --

Après ça, sa mémoire était fragmentée, trouble. De la musique, de la danse, du grabuge. La forêt en feu et une robe de bal aux couleurs des flammes. Mais, aussi fort qu’elle essayait, Darla ne pouvait pas ramener les impressions dispersées en quelque chose de cohérent, et elle n’arrivait pas à se souvenir comment elle en était arrivée à être couchée inconsciente sous un rocher.

Elle leva une main à sa tête, et grimaça de douleur. Sa peau était intacte, mais ses cheveux étaient maculés de sang – elle avait eu une blessure grave qui avait guéri pendant qu’elle avait dormi. Spike et Drusilla portaient les marques de blessures similaires.

Spike grogna et roula sur le dos. Il grimaça immédiatement et jeta son bras sur ses yeux. "Trop clair..."

"Réveille-toi," dit Darla. Quand ça ne marcha pas, elle le gifla fort.

Spike grogna encore et commença à étirer ses bras; il découvrit directement, tout comme Darla, pourquoi c’était une mauvaise idée. Il se redressa, amenant ses jambes contre son torse et grimaça vers la clarté autour d’eux. "J’ai été brûlé," toussa-t-il. "Drusilla a été brûlée. Qu’est-ce qui s’est passé?"

"Je ne sais pas," dit Darla. Elle détestait ne pas dire plus que ça, mais c’était la seule réponse qu’elle avait.

"Bien," dit finalement Spike, "Je ne sais pas comment nous sommes arrivés ici, mais ça a dû être une sacré soirée. Je me demande combien de temps nous avons été inconscients?"

"Nous sommes tous endormi depuis cent ans," chantonna la voix de Drusilla. Comme elle s’asseyait, un faible clignotement de confusion lui traversa le visage. "Ou – nous dormirons cent ans. Comme la princesse dans l’histoire. Je suis une princesse, n’est-ce pas, Spike?"

Spike mit son bras autour de la taille de Drusilla, l’attirant plus près de lui et l’embrassant langoureusement. "Tu es ma princesse ténébreuse. Ma fée malicieuse."

Le soleil, remarqua Darla, était bas dans le ciel. Il ne faudrait pas longtemps avant que le crépuscule ne tombe et que leur prison temporaire se dissolve en ombres autour d’eux. Ce fut une source de soulagement – l’éventualité de passer d’interminables heures enfermée sans échappatoire de l’attitude de Spike et du baragouinage de Drusilla était entièrement déplaisante. Déjà, Darla pouvait sentir sa patience commencer à s’effilocher tandis que Drusilla babillait.

"Je dormirai cent ans, pendant que les grands bâtiments poussent comme de l’herbe et que toutes les jolies guerres se bataillent à nouveau," dit-elle, son froncement de confusion s’approfondit. "Est-ce la fin de l’histoire, ou le début? Tout est une bague, un cercle, un carrousel. Nous tournons gaiement, et tournons et tournons et tournons, de retour là où nous avons commencé." Elle tira la manche de Spike de façon pressante. "Je n’arrive pas à me souvenir de l’histoire, Spike."

"Là, amour," dit Spike de façon réconfortante. "Si tu as oublié l’histoire, nous en réinventerons une nouvelle. Comme ça: Il était une fois, il y avait deux vampires appelés Spike et Drusilla, et ils tuèrent tous ceux qu’ils rencontrèrent et ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps. Fin."

"Vécurent heureux jusqu’à la fin des temps," répéta doucement Drusilla et, peut-être, un peu tristement.

Vécurent heureux jusqu’à la fin des temps, pensa Darla avec aigreur. Pour Spike et Drusilla, peut-être. Mais pas pour Angélus. Et pas pour elle.
Le soleil s’abaissa derrière le sommet des arbres, et la flaque d’ombres s’élargit en une étendue sombre. Darla se leva et étira ses bras. La nuit s’installa autour d’elle, sombre et rafraîchissante.

Pas loin de l’affleurement, elle trouva un chemin, sillonné par le passage récent d’une charrette. La charrette était sortie des profondeurs des bois, puis s’était retournée et était rapidement partie dans la direction d’où elle était venue.

Darla essayait de trouver du sens à cela quand le bruit de quelqu’un approchant le long du chemin lui fit lever les yeux. Spike et Drusilla l’avait aussi entendu, et arrêtèrent assez longtemps de s’explorer la gorge avec leur langue pour la rejoindre. Un homme marchait vers eux de façon déterminée, et pendant un instant Darla fut certaine qu’elle le connaissait.

"Angélus?"

"Je vous demande pardon?" dit l’homme avec un accent Anglais prononcé qui était quelque peu déformé par ses crocs. Maintenant que Darla pouvait l’examiner de plus près, elle réalisa que son accent était la seule chose prononcée chez lui. Il était petit et quelconque et portait des lunettes qui se reposaient gauchement sur son nez strié, grossissant ses yeux jaunes de sorte qu’ils aient l’air stupides au lieu de terrifiants.

"Vous êtes un vampire," dit Darla.

"Oh," dit l’homme. Il semblait content. "Est-ce cela que je suis? Comme c’est splendide!"

"Par l’enfer," dit Spike. "Celui qui a transformé cet idiot n’a pas fait un bon travail."

"En fait," dit le vampire avec une toux polie, "c’est cette dame." Il hocha la tête vers Darla.

Darla le fixa. "Je ne pense pas non. J’ai de meilleurs goûts."

"Je dois vous contredire, madame." Le vampire fit une petite révérence. "Permettez-moi de me présenter -- Percival, Lord Dalton, à votre service. Je me suis éveillé avec une migraine, une terrible soif et un désir remarquablement fort de trouver votre bonne personne. Et, bien --" Il fit un haussement d’épaules d’excuse. "Me voilà."

Avait-elle réellement transformé cette créature pathétique? Sans sens clair de souvenir des derniers jours, Darla devait admettre que c’était possible, même si c’était extrêmement improbable. Peut-être qu’ils avaient été drogués ou ensorcelés. Il n’y avait aucun doute; les bohémiens n’avaient pas juste puni Angélus, mais ils avaient imaginé une vengeance infâme – bien que heureusement plus temporaire – sur eux.

"Il sent comme Grand-mère," dit Drusilla, se penchant vers Dalton et le reniflant. "Du lys mort et du lierre empoisonné. Il est comme un chiot. Pouvons-nous le garder? Il amusera Papa --" Elle s’interrompit soudainement, son visage s’assombrissant à nouveau. "Où est Papa? Quelque chose s’est produit, et je ne me souviens pas --"

"Angélus --" commença Darla. "Angélus a --"

Elle s’arrêta.

Elle avait partagé cent cinquante ans avec Angélus, avait été là pour l’accueillir comme il griffait son chemin à travers la terre froide Irlandaise et dans la nuit qui attendait. La pathétique créature misérable maudite qu’elle avait mise à la porte n’était pas l’homme qui avait séduit, amusé et enchanté Darla avec sa cruauté inventive durant plus d’un siècle. Elle pouvait encore ramener cet homme, et ils riraient ensemble tandis qu’ils tueraient les bohémiens, un par un.

Darla ne pouvait pas l’expliquer, mais elle fut emplie d’une certitude soudaine et absolue que son histoire avec Angélus ne s’était pas terminée. Le futur était un fruit mûr pendant lourdement sur la branche, leur fruit à réclamer. Darla avait l’intention de le cueillir et de le dévorer.

"Angélus est parti nous chercher un nouveau sport," mentit-elle. "Il m’a parlé d’un camp de bohémiens, prêt pour un massacre."

"Je préfère ça. Qu’est-ce qu’on attend? Allons tuer," dit Spike. Il jeta un bras fraternel autour des épaules de Dalton. "Dalton, mon garçon, tu vas aimer ça..."

"Dalton, c’est ça?" dit froidement Darla, évaluant le nouveau venu. Il la fixa intensément, avec toute l’adoration du nouveau transformé. Même dans cette créature ridicule, c’était vaguement gratifiant. Il serait utile à commander et à manoeuvrer, supposa-t-elle, si rien d’autre. "Très bien, tu vas venir avec nous. Et tu obéiras à nos règles. Ce qui signifie que tu m’obéiras."

Spike ajouta, "Et quand tu ne lui obéiras pas, c’est à moi que tu obéiras." Dalton acquiesça joyeusement, acceptant tout ça comme l’évangile.

"Des bohémiens?" répéta Drusilla, incertaine. Puis un lent sourire s’étendit sur son visage, dépassant sa confusion. "Massacre..." Elle suivit Spike et Dalton.

Darla sourit. Puis ses lèvres se courbèrent en un ricanement de haine tandis qu’elle repensait aux bohémiens, leurs foules de paysans, leurs petits tours de magie bon marchés qu’ils substituaient à la force.

Elle leur montrerait qui pouvait haïr le plus. Elle leur montrerait qui pouvait écrire avec du sang.

-----

Angel sentit le mur de la pyramide cogner contre sa tête une fraction de seconde avant qu’il n’entende le glapissement de Cordélia. "Owww! Ugh. Quelqu’un doit trouver les freins sur cette chose."

Les autres étaient tous entassés contre lui, confinés par l’intérieur étroit de la machine à voyager dans le temps. Gunn grognait à cause du voyage retour nauséabond à travers le temps, et Fred semblait avoir mal au cœur comme elle dit, "Ouvrons la porte. Peu importe le futur que nous trouverons là dehors, ça doit être un meilleur pour vomir qu’ici dedans."

"Je suis d’accord," dit rapidement Cordélia.

Angel, le plus près de la porte, l’ouvrit prudemment. La faible lumière lui montra une pièce tapissée avec des panneaux de bois sombres, un sol couvert d’une moquette râpée. Une vieille machine à coudre se tenait dans un coin, et à côté d’eux était l’une des premières machines à rayons X. Osant à peine espérer, il sortit de la pyramide; comme les autres le suivirent, il vérifia le panneau au-dessus de la porte. Ca disait "'Le Vieux Magasin de Curiosité: Inventions et Bibelots Victorien."
Tout juste comme avant.

"Ca ressemble au Musée de Victoriana," dit Fred. "Je veux dire, ça y ressemble tout juste comme --"

"Ca sent comme ça aussi," dit Angel. Il inspira encore, vérifiant: la même odeur moisie de vieille dentelle et de livres plus vieux, la puanteur des produits de nettoyages industriels, et flottant toujours dans l’air, juste un petit peu, le parfum familier de Drusilla. "C’est ça. C’est d’ici que nous sommes partis."

Gunn fut le dernier à trébucher hors de la pyramide. Comme il étirait ses bras, il dit, "Tout semble être bien jusque là. Maintenant, espérons que nous ne découvrirons pas que L.A. est aussi en feu."

"Attendez," dit Angel, se raidissant. "Quelqu’un d’autre est dans le bâtiment." dit-il au moment où il le sentit, et il le sentit bien avant qu’il ne l’ait entendu – des pas venant du couloir, directement vers eux. Les autres entendirent le bruit quelques secondes plus tard, et ils se rapprochèrent tous, protégeant le dos de chacun.

"La seule mauvaise chose à propos du fait qu’on est de retour dans le musée qu’on a quitté originairement?" dit Cordélia. "Il n’y a pas beaucoup d’armes dans le magasin de curiosité."

"Je crois que je pourrais m’en sortir avec la machine aux rayons X si j’y suis obligé," dit Gunn d’un ton menaçant. "Pour montrer au monstre quels os au juste je lui brise dans les fesses."

Angel leur fit signe de se taire, et ils se tinrent là en silence complet jusqu’à ce que le seuil soit franchi par --

"Groo?" dit Cordélia, son visage se fondant en un sourire.
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MessageSujet: Re: Une Maille Dans Le Temps (Livre Deux)   Une Maille Dans Le Temps (Livre Deux) - Page 2 EmptyDim 14 Mai - 20:39

Groo sourit en retour. "En effet, ma princesse. Comment va votre quête de la bête Drusilla?"

Angel regarda les autres, puis Groo, puis de nouveau les autres. Finalement Fred dit, "Groo – suis-nous pendant un moment – de quoi te souviens-tu à propos de plus tôt aujourd’hui?"

Le Groosalugg, toujours désireux d’aider, acquiesça et sourit. "Cordélia aidait Angel avec -- aidait Angel." La pause fut légère, juste assez pour dire à Angel que Connor était toujours mort, que Cordélia l’avait toujours aidé à mettre les affaires de Connor en boîtes. Il s’y était attendu, mais ça faisait tout de même mal. "Puis Angel a réalisé que le vampire Drusilla était proche, et vous êtes tous venus pour la chercher. Lorne et moi sommes allés à l’aéroport, où de grands oiseaux en métal vont dans le ciel et une merveilleuse sélection de parfums peut être acquise, et nous avons tué un démon Velga qui était allé dans la zone à bagage et avait égaré les valises de beaucoup de gens. Nous avons vaincu ce méchant et avons réunis les voyageurs avec leurs possessions. Puis nous sommes venus ici; Lorne reste dans la voiture, prêt à nous hâter vers une fuite rapide si nécessaire." Le visage sympathique de Groo se transforma en un froncement de sourcils inquiet. "Est-ce qu’une telle fuite est nécessaire?"

"Non," dit Gunn. Puis il commença à rire. "Diable, non. Nous sommes JUSTE où nous voulons être! Oui!" Il souleva Fred dans ses bras et la fit tourner.

Cordélia rayonnait, et Angel était sûr qu’elle allait courir chez Groo. A la place, elle balança ses bras autour d’Angel, l’enlaçant fort. "On a réussi," murmura-t-elle. "On a donné à Connor ses cinq mois."

Angel l’enlaça en retour, prenant confort dans ses mots et son touché. Cinq mois. Il se rappela tenir Connor dans ses bras, et pour la première fois le souvenir lui procura de la joie à la place de l’angoisse. Les mots qu’il avait dits à Angélus firent écho en lui – tellement qu’il se demanda si le souvenir avait toujours été en lui. Ca en valait la peine. Ca en vaudrait toujours la peine.

A la fin, Cordélia le lâcha. Groo sembla confus, peut-être consterné, jusqu’à ce qu’elle se précipite vers lui et l’enlace aussi. "Ce bracelet que tu m’a donné?" dit-elle, montrant son poignet. "Le. Meilleur. Des. Cadeaux. Tu ne vas pas croire notre histoire."

"En parlant de bijoux," dit Fred, "on devrait probablement sortir ces bagues de la machine à voyager dans le temps."

Gunn le fixa. "Quoi, un voyage de fou, faussant la réalité, à travers le temps n’était pas assez pour toi? Tu veux te servir de cette chose fréquemment?"

Angel la comprenait. "Nous devons désactiver la machine à voyager dans le temps," dit-il. "Nous avons vu ce qui peut aller de travers. Si Dru a été capable de la découvrir, alors d’autre pourrait éventuellement le faire aussi, alors tout pourrait arriver."

"Je prends les bagues maintenant," dit Gunn, s’abaissant rapidement à l’intérieur de la machine à voyager dans le temps. Fred leva les mains pour accepter les poignées de bagues dorées comme Gunn les sortait.

"Vous avez eu une grande et digne aventure," dit Groo. "J’ai hâte d’entendre vos exploits courageux."

"On te les racontera," promit Cordélia. "Mais d’abord, on va savourer des luxes du 21ème siècle, comme des douches chaudes et des vêtements propres et secs." Sa voix fut rêveuse comme elle ajouta, "Des pizzas à emporter."

Angel accepta la dernière poignée de bagues de Gunn. Fred les regardait. "Que devrions-nous faire avec ça?" dit-elle. "Ma première pensée est de trouver l’équivalent local de Mount Doom et de les jeter dedans."

"Nous devrions peut-être vérifier et voir si elles ne sont pas sous un enchantement précis que nous pourrions annuler," dit Angel, regardant les bagues. "Si nous ne pouvons pas, alors nous devrions les détruire. Mais nous serons peut-être capable de les désenchanter."

Cordélia comprit en première. "Et si on peut les désenchanter, alors on peut hérité d’un gros morceau d’or qu’on est éthiquement obligé de voler. Et de vendre. Et nous faire un peu d’argent."

"On pourrait améliorer l’Hypérion avec ça," dit Gunn, soulevant l’une des bagues. "Je connais ce type --"

"Nous pourrions vous acheter un autre bracelet pour aller avec celui-là," dit Groo à Cordélia.

Angel observa son visage changer de la consternation au tact comme elle disait, "Je préférerais essayer certains parfums que tu as trouvés à l’aéroport."

"Ils sont hors taxes," annonça solennellement Groo.

Cordélia lui fit un fier sourire. "Tu deviens vraiment un acheteur." Puis elle rit et frappa des mains. "Je n’arrive pas à y croire! On l’a fait! On a tout arrangé comme si on n’était jamais parti!"

"Peut-être," dit Fred. Elle fixait l’or dans ses mains, un peu tristement. "C’est plus probable que nous ayons changé la réalité. Nous n’avons rien changé de majeur, ou alors Groo ne se souviendrait pas du même jour que nous. Mais quelque part, d’une certaine façon – les choses ont changé parce que Drusilla est allée dans le passé, et parce que nous l’avons suivie."

Angel considéra ça pendant un moment. "Les changements vont être des petites choses," dit-il. "Du moins pour nous. Peut-être pas pour les gens qui les ressentiront. Mais nous ne le saurons jamais."

"Probablement que non," dit Fred. "Les différences seront – dans les détails. Sur les bords. Quelques points tournants où il ne fallait qu’un petit éclat pour faire une différence, et nous l’avons fait."

"Les gars, on se relaxe," dit Cordélia. "Le monde est le monde dont on se souvient. Aujourd’hui est le jour dont on se souvient. Et si le monde est un tout petit peu différent – bon, et quoi? On n’est pas à Rome, les rues ne sont pas en feu et, d’autant qu’on le savait ce matin, ce n’est pas la fin du monde. Peut-être qu’on a changé quelque chose ici ou là. Mais on n’avait pas le choix. On a fait ce qu’on devrait faire, et je pense qu’on l’a fait sacrément bien."

Fred soupira. "Quand tu mets les choses comme ça -- oui. Nous avons fait de notre mieux, nous avons bien fait. Si on bouge le mélange de la mauvaise Dru et la débâcle dans le théâtre et le lémurien-kabob, je suppose que nous étions biens."

"Qu’est-ce qui cloche avec le lémurien-kabob?" protesta Gunn. "J’improvisais!"

"C’est facile de dire que les changements n’ont pas d’importance maintenant," dit Angel. Il pouvait voir que les esprits des autres se relaxaient, mais il ne pouvait pas vraiment ressentir la même chose. "Nous ne savons pas encore ce qu’ils sont."

"On s’occupera des changements tout comme on s’occupe de tout le reste," dit Cordélia. "Je demande juste qu’il y ait quelques constantes dans cet univers. Tant que la veste Nehru est toujours hors de la mode, que Ben & Jerry ont tout de même lancé des glaces et que Al Gore est toujours président, tout va bien pour moi."

Tout le monde sourit, et Angel se laissa se relaxé. "Rentrons à l’hôtel," dit-il. "Je crois qu’être à la maison nous fera du bien à tous."

"Amen à ça," dit Gunn. Il glissa son bras autour des épaules de Fred, et les deux suivirent Cordélia et Groo dehors. Angel pouvait entendre la voix joyeuse de Cordélia, racontant des histoires à Groo même alors qu’ils traversaient le hall.

Pendant un moment, il regarda en arrière vers la machine à voyager dans le temps, noire et solide et maintenant immobile pour toujours. Il repensa à Connor, se demanda pendant un instant – juste pendant un instant – S’il était fou de ne pas prendre cette chance désespérée de récupérer son fils.

Mais ensuite il repensa au monde en feu, et au corps recroquevillé de Wesley, et à ce qu’il s’était dit à lui-même il y avait si longtemps. Toute la douleur qui était arrivée servait à un but -- juste parce qu’il ne le voyait pas maintenant ne signifiait pas qu’il ne le verrait jamais.

Angel suivit les autres à travers le musée, n’écoutant pas leurs mots, mais seulement le bonheur dans leur voix, les rires qui faisaient écho sur les murs. Il se sentit commencer à sourire.

Il était temps d’arrêter de penser au passé. Temps de faire face au futur.

-----

Ils riaient et riaient, et quelque chose était terriblement amusant, et Angel ne pensait pas que c’était amusant, mais il souriait aussi. Tout ça était très étrange, mais aussi tout était très étrange, et rien n’avait d’importance, à conditions qu’ils reviennent à l’intérieur là où elle avait besoin d’eux.

Drusilla était pratiquement sure qu’ils reviendraient à l’intérieur si elle commençait à crier.

Ca serait facile de commencer à crier – elle avait envie de crier. Naturellement, elle avait toujours envie de crier, parce que c’était amusant, mais maintenant ça serait la plus facile des choses. Parce que maintenant était quand elle allait retourner en arrière et réécrire toute l’histoire. Elle changerait la fin, et cette fois ça se terminerait bien.

L’histoire s’était très mal terminée cette fois-ci, d’après Drusilla. Spike était parti. Ils avaient mis du métal dans sa tête et maintenant il ne pouvait pas boire. Ca l’empoisonnait de l’intérieur. Puis Darla s’était transformée en poussière. Aussi loin que Drusilla avait été, elle l’avait tout de même ressenti -- Darla mourrant avec des remords dans son cœur.

"Et des petits pieds dans ses mains et son ventre," chuchota Drusilla. Elle connaissait l’histoire. Elle se l’était racontée beaucoup de fois auparavant, espérant que ça ne serait pas si triste la prochaine fois. Mais c’était la première fois où elle savait qu’elle pouvait la changer. Cette fois tout s’arrangerait.

Drusilla en était très certaine – plus certaine qu’elle ne l’était pour la plupart des choses. Elle avait appris que c’était très difficile d’être sure à propos de beaucoup de choses: quelle personne hurlerait probablement fort, si Spike l’aimait vraiment ou pas, si les tulipes sur le papier peint lui parlaient à elle ou chuchotaient juste entre elles. Les pensées s’emmêlaient parfois – s’emmêlaient comme des fils, si vous n’étiez pas vraiment appliquée avec vos mailles, et cette gentille vieille voix lui disait toujours d’être appliquée avec ses mailles.

Maintenant toute la couture sortait directement. Un ourlet régulier. Quand elle avait trouvé le livre, elle avait été capable de le comprendre – elle l’avait compris si bien! C’était comme si elle l’avait déjà lu auparavant, comme si son plan ingénieux était là dans les pages aussi. Dru le connaissait en arrière et en avant. Trouver la machine à voyager dans le temps. Tromper Angel et ses amis pour qu’ils la poursuivent, de sorte qu’ils tuent celle qu’elle avait été. Puis les laisser rentrer à la maison, tout seuls, remuant leurs histoires derrière eux. Ca la laisserait avec Spike et Grand-mère, et ils pourraient obliger ces méchants bohémiens à ramener Papa de la façon dont il était censé être. Drusilla pouvait voir tout ça dans sa tête, sans se concentrer, le son tout métallique, comme un film de ciné-parc dans la rangée très en arrière. Mais elle pouvait tout de même le voir et l’entendre.

Ca ressemblait à une histoire qu’elle avait entendue avant, d’une certaine façon. Ca rendait Drusilla heureuse, l’assurait que tout finirait de la façon dont ça finissait dans ses rêves.

Tout ce qu’elle devait faire maintenant était s’assurer que la machine à voyager dans le temps marcherait – ça devait être exactement comme c’était dans le livre. L’histoire devait commencer juste à la fin pour être correcte. Si elle trouvait la machine à voyager dans le temps comme ça devait être, alors elle crierait et crierait, et les autres se précipiteraient à l’intérieur, et ne seraient-ils pas surpris quand elle roulerait à l’intérieur et disparaîtrait?

Riant pour elle-même, Drusilla sautilla jusqu’à la machine à voyager dans le temps. C’était grand et noir, tout comme le livre l’avait dit. Des hiéroglyphes dansaient sur sa surface. "Et les Chinois savent," murmura-t-elle. "Ils marchent comme un Egyptien."

Elle ouvrit la porte, et il y avait toutes les jolies mailles, et --

Le visage de s’assombrit Drusilla. Elle frappa du pied. "Où sont les bagues?" gémit-elle. "Je ne peux aller nulle part sans les bagues!"

Mais les bagues n’étaient pas là. Le méchant livre avait menti. Toutes les visions avaient juste été des rêves, des histoires, comme celles à la télévision. Dru avait cru qu’elle pourrait tout réécrire, mais elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas du tout. Les tulipes ne lui parlaient probablement pas non plus.

Elle sentit les larmes courir le long de son visage comme elle s’effondra sur le sol. Les larmes étaient froides. Elle se souvint qu’elles avaient l’habitude d’être chaudes, et elle ne su pas pourquoi ça l’a fit pleurer encore plus que jamais. "Tout c’est mal terminé," pleurnicha-t-elle dans ses mains. "Tout est mal, tout est mal. Je n’ai pas du tout de poupées."

Poupées?

Drusilla leva la tête, réfléchissant. Il semblait que, en entrant, elle avait vu quelques jolies poupées --

Elle marcha sur la pointe des pieds dans le couloir jusqu’à ce qu’elle les trouve. Un homme vraiment idiot s’était fait tué, il y avait trop longtemps pour qu’elle apprécie les restes, mais il avait un joli nounours mit sous son bras. Un tel petit nounours pelucheux. Justement la sorte de nounours qu’elle choisirait pour elle-même.

Drusilla souleva le nounours et le serra fort. Puis elle choisi une poupée de bébé, et une autre, et puis la plus jolie poupée de toutes, une avec de longues boucles noires, comme les siennes. "Vous pouvez être mes poupées," dit-elle. "Et TU peux être Mlle Edith. Ne serait-ce pas amusant?"
Elles pensèrent toutes que ça serait en effet très amusant.

Dru rit et rit, tournoyant dans la pièce avec ses nouvelles poupées dans les bras. Elles danseraient et chanteraient, et ensuite elles pourraient jouer à cache-cache, et se raconter des histoires. Elle serait toujours capable de trouver de nouvelles histoires à raconter.

FIN
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